"Poésie Froide" ("cold poetry" in english) is an ode to the new romantic era, a clair-obscur eulogy to the goth / batcave movement and a passionate tribute to the legendary european bands (especially the french ones) who helped to shape this magnificent sound throughout the years, and who (sometimes) used to sing in the language of Molière and Baudelaire...
☆ Ces nocturnes élégies sont également dédiées
aux mémoires des regretté(e)s Corine Zimny (chanteuse d'Excès Nocturne), Thierry Sobezyk
(co-fondateur de Asylum Party & ancien membre de Mary Goes Round) et Daniel Favre
dit Spatsz (co-fondateur de Kas Product) disparus récemment...
Illustrations and paintings by Gustave Doré, Martin van Maële, Jules-Louis Machard, Paul Delvaux, John Everett Millais, M. Maillart and Norman Lindsay among others.
Original Poems by Charles Baudelaire, John Keats & Aloysius Bertrand.
*The marked tracks contains elements from the movie
"Charles Baudelaire, la Plaie et le Couteau"
de Yannick Bellon (1967)
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AU LECTEUR
La sottise, l’erreur, le péché, la lésine,
Occupent nos esprits et travaillent nos corps,
Et nous alimentons nos aimables remords,
Comme les mendiants nourrissent leur vermine.
Nos péchés sont têtus, nos repentirs sont
lâches ;
Nous nous faisons payer grassement nos aveux,
Et nous rentrons gaîment dans le chemin
bourbeux,
Croyant par de vils pleurs laver toutes nos
taches.
Sur l’oreiller du mal c’est Satan Trismégiste
Qui berce longuement notre esprit enchanté,
Et le riche métal de notre volonté
Est tout vaporisé par ce savant chimiste.
C’est le diable qui tient les fils qui nous
remuent !
Aux objets répugnants nous trouvons des
appas ;
Chaque jour vers l’enfer nous descendons d’un
pas,
Sans horreur, à travers des ténèbres qui puent.
Ainsi qu’un débauché pauvre qui baise et mange
Le sein martyrisé d’une antique catin,
Nous volons au passage un plaisir clandestin
Que nous pressons bien fort comme une vieille
orange.
Serré, fourmillant, comme un million
d’helminthes,
Dans nos cerveaux ribote un peuple de démons,
Et, quand nous respirons, la Mort dans nos
poumons
Descend, fleuve invisible, avec de sourdes
plaintes.
Si le viol, le poison, le poignard, l’incendie,
N’ont pas encor brodé de leurs plaisants dessins
Le canevas banal de nos piteux destins,
C’est que notre âme, hélas ! n’est pas assez
hardie.
Mais parmi les chacals, les panthères, les lices,
Les singes, les scorpions, les vautours, les
serpents,
Les monstres glapissants, hurlants, grognants,
rampants,
Dans la ménagerie infâme de nos vices,
II en est un plus laid, plus méchant, plus
immonde !
Quoiqu’il ne pousse ni grands gestes ni grands
cris,
Il ferait volontiers de la terre un débris
Et dans un bâillement avalerait le monde ;
C’est l’Ennui ! — L’œil chargé d’un pleur
involontaire,
II rêve d’échafauds en fumant son houka.
Tu le connais, lecteur, ce monstre délicat,
Hypocrite lecteur, — mon semblable, — mon
frère !
Les fleurs du mal (1861)
☽
Face A
01 Asylum Party - Play alone*
02 Orchestre Rouge - Speakerine
03 Brigade Internationale - Reguard extrême
04 Collection D'Arnell-Andrea - À l'aurore assassiné
05 Martin Dupont - Full moons and mouths
06 Kas Product - Take me tonight
07 Tanit - Can an actor bleed?
08 Liaisons Dangereuses - Los niños del parque
09 Collection D'Arnell-Andrea - Aux mortes saisons
10 Poésie Noire - Verge of tears
11 Danse Macabre - Hell
12 T21 - Pleasure (remix)
13 Collection D'Arnell-Andrea - Automne et long silence
14 L'Enfance Eternelle - Violet winter
15 Martin Lloyd - L'amant éléctronique
16 Formes Nouvelles - The sun never lies
17 Coldreams - Don't cry
18 Excès Nocturne - Dahlia noir
19 Asylum Party - White light
20 A Primary Industry - Perversion
21 Die Form - Poupée méchanique
22 Masoch - Quand musclée
23 Poésie Noire - Travel
24 Norma Loy - Romance
25 Complot Bronswick - Friendship
26 Opéra de Nuit - Annabella
27 Tanit - Nada why
28 Kas Product - Countdown
29 Coldreams - Eyes
30 Norma Loy - Tvision
31 T21 - Memories (remix)
32 Asylum Party - La Nuit
33 Masoch - Strip-tease
34 Martin Dupont - Just because
35 Little Nemo - A day out of time
36 Poésie Noire - Lost in thought
37 Die Form - Anode current
38 Martin Dupont - Inside out
39 Kas Product - So young but so cold
40 A Primary Industry - Merde alors
41 Poésie Noire - Déjà vu
42 Collection D'Arnell-Andrea - Comme un marbre de roses
43 Résistance - Instant
44 Asylum Party - Julia
45 Tuxedomoon - Courante marocaine
46 Kas Product - Never come back
47 Danse Macabre - Echo
48 A Primary Industry - Cicatrice
49 Collection D'Arnell-Andrea - Aux averses de grêle
50 Poésie Noire - Dark number
51 Coldreams - Morning rain
52 L'Enfance Eternelle - Shine on passion
53 Excès Nocturne - Chats qui...
54 Clair Obscur - Séquence
55 Asylum Party - Green wisdom*
LE CHAT
Viens, mon beau chat, sur mon cœur
amoureux ;
Retiens les griffes de ta patte,
Et laisse-moi plonger dans tes beaux yeux,
Mêlés de métal et d’agate.
Lorsque mes doigts caressent à loisir
Ta tête et ton dos élastique,
Et que ma main s’enivre du plaisir
De palper ton corps électrique,
Je vois ma femme en esprit.
Son regard, comme le tien, aimable bête
Profond et froid, coupe et fend comme un dard,
Et, des pieds jusques à la tête,
Un air subtil, un dangereux parfum
Nagent autour de son corps brun.
Charles Baudelaire, Les fleurs du mal (1861)
Face B
01 Asylum Party - Le voyage immobile (demo)
02 Brigade Internationale - Normal night
03 Orchestre Rouge - Soft Kiss
04 Babel 17 - Darkest years
05 Die Form - Duality*
06 Formes Nouvelles - A dying hope
07 T21 - The clencher
08 A Primary Industry - Sans orange
09 Liaisons Dangereuses - Etre assis ou danser
10 Poésie Noire - Gardens of insanity
11 Opéra de Nuit - Ami! amant!
12 Trisomie 21 - Nightflight
13 Collection d'Arnell-Andrea - Au sacre des nuits
14 Little Nemo - Alan's waiting (2nd version)
15 Hard Corps - Metal & flesh
16 Asylum Party - La rivière
17 End of Data - Sahrah/ symphonie inachevée
18 Die Form - La fille aux cheveux d'or
19 Norma Loy - Bitchy boy
20 Liaisons Dangereuses - Peut être... pas
21 Formes Nouvelles - Colours now
22 Poésie Noire - Tame
23 Coldreams - Bulbs & bubbles
24 Little Nemo - Cadavres exquis (Howard's song)
25 Tableau Noir - Le serpent qui danse:
26 Blue Sound - Why?
27 Ellysgarden - Over the fancies
28 Complot Bronswick - Deux os en croix
29 Danse Macabre - Scars
30 Charles de Goal - Serrurier noir
31 Martin Dupont - Andrei Roublev (vocal)
32 Clair Obscur
33 Formes Nouvelles - Anyway
34 Excès Nocturne - Evacuation immédiate
35 Poésie Noire - Gioconda smile
36 Opéra de Nuit - Amour noir
37 Vox Populi! - Sunshine boy's initiation
38 Tuxedomoon - L'étranger
39 L'Enfance Eternelle - Consumed passion
40 Babel 17 - Broceliande
41 Norma Loy - 1964 shadows
42 Poésie Noire - Mirror man
43 Die Form - Strangulation
44 Collection d'Arnell-Andrea - Un horizon de lune
45 Hard Corps - Je suis passée
46 Little Nemo - The 15th (wire cover)
47 L'Enfance Eternelle - Behind beauty
48 Complot Bronswick - A Hole in the rain
49 Danse Macabre - Crucifixation (stigmata martyr)
50 Coldreams - Crazy night/ burning passion
51 Vox Populi! - Les dames de Copenhague
52 T21 - The last song (remix)
53 Collection d'Arnell-Andrea - Un matin de septembre
54 Formes Nouvelles - Heroes want to die
55 Asylum Party - Call in silence*
LES TÉNÈBRES
Dans les caveaux d’insondable tristesse Où le Destin m’a déjà relégué ; Où jamais n’entre un rayon rose et gai ; Où, seul avec la Nuit, maussade hôtesse, Je suis comme un peintre qu’un Dieu moqueur Condamne à peindre, hélas ! sur les ténèbres ; Où, cuisinier aux appétits funèbres, Je fais bouillir et je mange mon cœur, Par instants brille, et s’allonge, et s’étale Un spectre fait de grâce et de splendeur. A sa rêveuse allure orientale, Quand il atteint sa totale grandeur, Je reconnais ma belle visiteuse : C’est Elle ! noire et pourtant lumineuse.
Charles Baudelaire, Les fleurs du mal (1861)
ÉLÉVATION
Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées,
Des montagnes, des bois, des nuages, des mers,
Par delà le soleil, par delà les éthers,
Par delà les confins des sphères étoilées,
Mon esprit, tu te meus avec agilité,
Et, comme un bon nageur qui se pâme dans l’onde,
Tu sillonnes gaiement l’immensité profonde
Avec une indicible et mâle volupté.
Envole-toi bien loin de ces miasmes morbides ;
Va te purifier dans l’air supérieur,
Et bois, comme une pure et divine liqueur,
Le feu clair qui remplit les espaces limpides.
Derrière les ennuis et les vastes chagrins
Qui chargent de leur poids l’existence brumeuse,
Heureux celui qui peut d’une aile vigoureuse
S’élancer vers les champs lumineux et sereins ;
Celui dont les pensers, comme des alouettes,
Vers les cieux le matin prennent un libre essor,
Qui plane sur la vie, et comprend sans effort
Le langage des fleurs et des choses muettes !
Charles Baudelaire, Les fleurs du mal (1861)
Face C
01 Collection D'Arnell-Andrea - Une trève prodigue
02 Martin Dupont - The light goes through my mouth
03 Little Nemo - Bed in summer
04 Baroque Bordello - Voyageur
05 Die Form - Bondage
06 Chow Chow - Enemy gods
07 Cerbère - Mangue amère
08 Neva - Survivre
09 Excès Nocturne - L'or à
10 Martin Dupont - Hunted
11 Little Nemo - Les allées du songes
12 Die Form - Bypass
13 Excès Nocturne - Nikopol
14 Formes Nouvelles - Present & the lost
15 T21 - The rickshaw
16 Blue Sound - Blue Day
17 Guerre Froide - Demain Berlin
18 Vox Populi! - Funk off
19 Die Form - Re-search
20 Clair Obscur - loveR
21 Babel 17 - Lemondextérieur
22 T21 - Love for a life
23 A Gethsémani - Chanson d'amour
24 Résistance - Personal treason
25 Die Form - Kagami
26 Poésie Noire - The crisis of our age
27 Blue Sound - Dame de coeur
28 Guerre Froide - La chansond' Ian
29 Formes Nouvelles - Lo-fi technology
30 Neva - NNN3
31 End of Data - End of data 1 & 2
32 Excès Nocturne - Mémoire
33 Die Form - Slave
34 Charles de Goal - Revolution beat
35 Babel 17 - A journey inside
36 Neva - Venise
37 T21 - Djakarta
38 Poésie Noire - Schmerz/ Weltschmerz
39 Guerre Froide - Départ
40 Die Form - Automatic death
41 Vox Populi! - De la cohorte mystique
42 Clair Obscur - The pilgrim's progress
43 Zazou,Bikaye & Cy1 - M'pasi ya m'pamba
44 Norma Loy - Tragic Venus
45 Excès Nocturne - L'ennemi
46 Poésie Noire - Untergang des abendlandes/ Dark honeymoon
47 T21 - Magnified section of dreams
48 Neva - Erreur de suicide
49 Babel 17 - Millenium
50 Guerre Froide - Ersatz
51 Zazou, Bikaye & Cy1 - Dju ya feza
52 Poésie Noire - Moral Majority
53 Mary Goes Round - She said
54 Baroque Bordello - Breaking the ice
55 Charles de Goal - Retour au dancing (final mix)
56 Marquis de Sade - Brouillard définitif
57 Die Form - Deadline 2
58 A Gethsémani - Etape mortelle
59 Clair Obscur - Santa Maria
60 Twilight Ritual - Strength for me
61 L'An III - Utopie
62 Chow Chow - Still
63 Excès Nocturne - L'écho des lumières
64 Die Form - Lectura
65 Little Nemo - Empty house
66 Martin Dupont - Top of the pyramids
67 Tanit - Night knight
68 Poésie Noire - Earth
LE REVENANT
Comme les anges à l’œil fauve,
Je reviendrai dans ton alcôve
Et vers toi glisserai sans bruit Avec les ombres de la nuit ;
Et je te donnerai, ma brune,
Des baisers froids comme la lune
Et des caresses de serpent
Autour d’une fosse rampant.
Quand viendra le matin livide,
Tu trouveras ma place vide,
Où jusqu’au soir il fera froid.
Comme d’autres par la tendresse,
Sur ta vie et sur ta jeunesse,
Moi, je veux régner par l’effroi.
Charles Baudelaire, Les fleurs du mal (1861)
Face D
01 A Gethsémani - Etichette
02 Collection D'Arnell-Andrea - Rozde
03 Asylum Party - Un sang d'hier
04 Opéra de Nuit - L'appel du froid
05 Classé X - Dancing with the ghost
06 Blacktape For a Blue Girl - Jamais pars
07 Collection D'Arnell-Andrea - Collection (Anton's mind's getting blind)
08 Asylum Party - Better days ahead
09 A Gethsémani - Pouss en vacances et tire au flanc/ Samantha l'eau
10 Gris Reguard - I need a smile
11 Die Form - Ton retrait des eaux
12 Tanit - Soft pictures
13 Collection D'Arnell-Andrea - Un refuge lointain
14 Opéra de Nuit - Sourire de l'ombre
15 Classé X - Four hours to die
16 Asylum Party - La tourmante
17 Martin Dupont - Brittle Hero
18 Tanit - Stateless prayer
19 Poésie Noire - Starvation of a mind
20 Collection D'Arnell-Andrea - Aux thermes
21 Opéra de Nuit - Larmes de sang
22 Martin Dupont - Searchin'
23 Tanit - Questions questions
24 The Mediæval Bæbes - Ah! si mon moine
25 Collection D'Arnell-Andrea - Les marronniers
26 Martin Dupont - My analyst ''assez''
27 Poésie Noire - Pity for the self
28 Asylum Party - Ticket to ride
29 A Gethsémani - De l'autre côté du miroir
30 Martin Dupont - Position
31 Visage - We fade to grey
32 Tanit - Eyes scream
33 Collection D'Arnell-Andrea - Aux funestes douleurs
34 Martin Dupont - Love on my side
35 Poésie Noire - Compjutr syntax error
36 Asylum Party - Beside
37 Tanit - Banshee
38 Martin Dupont - Where to find it
39 Collection D'Arnell-Andrea - Kedves
40 Poésie Noire - Radioactive flood
41 A Gethsémani - Cherree
42 Martin Dupont - Sticks in my brain
43 Collection D'Arnell-Andrea - L'ornière
44 Lys - Rêve-paon
45 A Gethsémani - Real life
46 Twilight Ritual - She is gun
47 Clair Obscur - Tundra
48 Neva - Frenezie
49 Baroque Bordello - Les algues
50 Die Form - Shaved girls
51 Cerbère - Poupée plastique
52 Mary Goes Round - Kiss me love
53 Marquis de Sade - Wanda's loving boy
54 Martin Dupont - He calls the sky Hector
55 L'An III - Pas comme ça
56 Pas de Deux - Lits jumeaux
57 Die Form - Necron x
58 Charles de Goal - Plus haut
59 Excès Nocturne - Le soleil s'est noyé
60 Baroque Bordello - Comme toujours
61 Neva - Hallucination
62 Marquis de Sade - Cancer & drugs
63 OMD - Souvenir
64 Die Form - Tomorrow/ Eternal language
65 Arnell-Andrea - Refuge (we are watching them die)
66 Elend - Au tréfond des ténèbres
*The marked tracks contains elements from the movie
"Charles Baudelaire, la Plaie et le Couteau"
de Yannick Bellon (1967)
"Charles Baudelaire, la Plaie et le Couteau"
de Yannick Bellon (1967)
☾
HARMONIE DU SOIR
Voici venir les temps où vibrant sur sa tige
Chaque fleur s’évapore ainsi qu’un encensoir ;
Les sons et les parfums tournent dans l’air du
soir ;
Valse mélancolique et langoureux vertige !
Chaque fleur s’évapore ainsi qu’un encensoir ;
Le violon frémit comme un cœur qu’on afflige ;
Valse mélancolique et langoureux vertige !
Le ciel est triste et beau comme un grand
reposoir.
Le violon frémit comme un cœur qu’on afflige,
Un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir !
Le ciel est triste et beau comme un grand
reposoir ;
Le soleil s’est noyé dans son sang qui se fige.
Un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir,
Du passé lumineux recueille tout vestige !
Le soleil s’est noyé dans son sang qui se fige…
Ton souvenir en moi luit comme un ostensoir !
Charles Baudelaire, Les fleurs du mal (1861)
LA BEAUTÉ
Je suis belle, ô mortels ! comme un rêve de
pierre,
Et mon sein, où chacun s’est meurtri tour à
tour,
Est fait pour inspirer au Poëte un amour
Éternel et muet ainsi que la matière.
Je trône dans l’azur comme un sphinx
incompris ;
J’unis un cœur de neige à la blancheur des
cygnes ;
Je hais le mouvement qui déplace les lignes,
Et jamais je ne pleure et jamais je ne ris.
Les poëtes, devant mes grandes attitudes,
Que j’ai l’air d’emprunter aux plus fiers
monuments,
Consumeront leurs jours en d’austères études ;
Car j’ai, pour fasciner ces dociles amants,
De purs miroirs qui font toutes choses plus
belles :
Mes yeux, mes larges yeux aux clartés
éternelles !
Charles Baudelaire, Les fleurs du mal (1861)
Face E
01 L'Avis G821 - An old beat
02 Message - The crazy garden
03 Epitaphe - La joie
04 Les Enfants de l'Ombre - Thème
05 Pavillon 7B - Les nouveaux abris
06 Opéra Multi Steel - Messager monotone
07 Ultime Possibilité - No more lies
08 Réseau d'Ombres - Burnt offering
09 Einstein Dry - L'art triste
10 Vox Dei - Connu de personne
11 Décades - Énigme
12 End of Data - Dans votre monde
13 Lynn Bau - Depuis qu'hier
14 Siglo XX - After the dream
15 Fatidic Seconde - Metropolis
16 Violette Nozière - Suicide hongrois
17 Procédé - D moments
18 Spleen Idéal - Conte de la folie ordinaire
19 Dau Al Set - Con disciplina
20 L'Avis G821 - Die kunst
21 L'éponge Synthétique - L'inconstante
22 Cold Phoenix - La fleur du destin
23 Nuit d'Octobre - Le voile des années
24 Sculpteurs d'Ombres - Later in the night
25 Sombre Septembre - Une lune en hiver
26 Smirnov - Les jeunes aiment la danse
27 Les Provisoires - In love
28 A.R.T - Foolish virgin
29 Déficit des Années Antérieures - From the deep hp
30 Bernard C - Quelque part derrière les montagnes
31 Ghédalia Tazartès - Transport 16
32 Epitaphe - In the castle
33 Pavillon 7B - Sensation
34 Les Enfants de l'Ombre - Agonie
35 Opéra Multi Steel - Poisson d'argent
36 Ultime Possibilité - Errance
37 Neutral Project - La mer des sarcasmes
38 Vox Dei - Le démon
39 Hard Corps - Desolation land
40 L'Avis G821 - Le desert des tartares/ Le long serpent
41 Babel 17 - Lo-hi/ La curée/ Come into hell (hate mix)
42 Lè Travo - Something new
43 Mémoires d'Automne - Fatalité/ Hips/ Inmate song
Face F
01 Message - Dernière nuit
02 Pavillon 7B - +
03 Cérémonies - Kiss of death
04 Décades - Le jour se lève
05 A.R.T - Rhythm n bees (nid d'guêpes)
06 Epitaphe - Afraid to die
07 Les Enfants de l'Ombre - L'obsédé
08 Réseau d'Ombres - Today5
09 Spleen Idéal - Vague à lame de fond
10 L'éponge Synthétique - Double portrait
11 Déficit des Années Antérieures - Baltique part2
12 Bernard C - Topographie équatoriale
13 Violette Nozière - Inutile
14 Siglo XX - Endless corridor
15 Lynn Bau - Frigo
16 Les Martyrs - Silico
17 L'Avis G821 - Yagi
18 Vox Dei - Vortex androgyne
19 Einstein Dry - Fils du mâle
20 Les Provisoires - Mother
21 Smirnov - Les nuits sans lunes
22 Nuit d'Octobre - Récifs
23 Dau Al Set - Autonomy
24 Décades - Ordre
25 Réseau d'Ombres - Mockers
26 Ghédalia Tazartès - Une éclipse totale d'un amour si grand qu'il nie son objet
27 A.R.T - TV nut
28 Pavillon 7B - Black generation
29 Epitaphe - L'écume de mes regrets
30 Spleen Idéal - Try another world
31 Vox Dei - Q.H.S.
32 Les Martyrs - In the dark
33 L'éponge Synthétique - The saver/ Expédition printanière
34 Bernard C - Ta voix
35 Dau Al Set - Television
36 A.R.T - M
37 Les Martyrs - Mirror
38 Décades - Printemps
39 Babel 17 - Der opfer/ In distress
40 Mémoires d'Automne - The way/ L'autre
41 Lè Travo - Heyday/ E la nave va
42 Nus Eruza - Snoméd te snojnod
SONNET D’AUTOMNE
Ils me disent, tes yeux, clairs comme le cristal :
« Pour toi, bizarre amant, quel est donc mon
mérite ? »
—
Sois charmante et tais-toi !
Mon cœur, que
tout irrite,
Excepté la candeur de l’antique animal,
Ne veut pas te montrer son secret infernal,
Berceuse dont la main aux longs sommeils
m’invite,
Ni sa noire légende avec la flamme écrite.
Je hais la passion et l’esprit me fait mal !
Aimons-nous doucement.
L’Amour dans sa
guérite,
Ténébreux, embusqué, bande son arc fatal.
Je connais les engins de son vieil arsenal :
Crime, horreur et folie ! — Ô pâle marguerite !
Comme moi n’es-tu pas un soleil automnal,
Ô ma si blanche, ô ma si froide Marguerite ?
Charles Baudelaire, Les fleurs du mal (1861)
FEMMES DAMNÉES
Comme un bétail pensif sur le sable couchées,
Elles tournent leurs yeux vers l’horizon des
mers,
Et leurs pieds se cherchent et leurs mains
rapprochées
Ont de douces langueurs et des frissons amers.
Les unes, cœurs épris des longues confidences,
Dans le fond des bosquets où jasent les
ruisseaux,
Vont épelant l’amour des craintives enfances
Et creusent le bois vert des jeunes arbrisseaux ;
D’autres, comme des sœurs, marchent lentes et
graves
À travers les rochers pleins d’apparitions,
Où saint Antoine a vu surgir comme des laves
Les seins nus et pourprés de ses tentations ;
II en est, aux lueurs des résines croulantes,
Qui dans le creux muet des vieux antres païens
T’appellent au secours de leurs fièvres hurlantes,
Ô Bacchus, endormeur des remords anciens !
Et d’autres, dont la gorge aime les scapulaires,
Qui, recélant un fouet sous leurs longs
vêtements,
Mêlent, dans le bois sombre et les nuits
solitaires,
L’écume du plaisir aux larmes des tourments.
Ô vierges, ô démons, ô monstres, ô martyres,
De la réalité grands esprits contempteurs,
Chercheuses d’infini dévotes et satyres,
Tantôt pleines de cris, tantôt pleines de pleurs,
Vous que dans votre enfer mon âme a
poursuivies,
Pauvres sœurs, je vous aime autant que je vous
plains,
Pour vos mornes douleurs, vos soifs inassouvies,
Et les urnes d’amour dont vos grands cœurs
sont pleins.
Charles Baudelaire, Les fleurs du mal (1861)
LESBOS
Mère des jeux latins et des voluptés grecques,
Lesbos, où les baisers languissants ou joyeux,
Chauds comme les soleils, frais comme les
pastèques,
Font l’ornement des nuits et des jours glorieux,
—
Mère des jeux latins et des voluptés grecques,
Lesbos, où les baisers sont comme les cascades
Qui se jettent sans peur dans les gouffres sans
fonds
Et courent, sanglotant et gloussant par
saccades,
—
Orageux et secrets, fourmillants et profonds ;
Lesbos, où les baisers sont comme les cascades !
Lesbos où les Phrynés l’une l’autre s’attirent,
Où jamais un soupir ne resta sans écho,
À l’égal de Paphos les étoiles t’admirent,
Et Vénus à bon droit peut jalouser Sapho !
—
Lesbos où les Phrynés l’une l’autre s’attirent,
Lesbos, terre des nuits chaudes et langoureuses,
Qui font qu’à leurs miroirs, stérile volupté,
Les filles aux yeux creux, de leur corps
amoureuses,
Caressent les fruits mûrs de leur nubilité,
Lesbos, terre des nuits chaudes et langoureuses,
Laisse du vieux Platon se froncer l’œil austère ;
Tu tires ton pardon de l’excès des baisers,
Reine du doux empire, aimable et noble terre,
Et des raffinements toujours inépuisés.
Laisse du vieux Platon se froncer l’œil austère.
Tu tires ton pardon de l’éternel martyre
Infligé sans relâche aux cœurs ambitieux
Qu’attire loin de nous le radieux sourire
Entrevu vaguement au bord des autres cieux ;
Tu tires ton pardon de l’éternel martyre !
Qui des Dieux osera, Lesbos, être ton juge,
Et condamner ton front pâli dans les travaux,
Si ses balances d’or n’ont pesé le déluge
De larmes qu’à la mer ont versé tes ruisseaux ?
Qui des Dieux osera, Lesbos, être ton juge ?
Que nous veulent les lois du juste et de
l’injuste ?
Vierges au cœur sublime, honneur de l’archipel,
Votre religion comme une autre est auguste,
Et l’amour se rira de l’enfer et du ciel !
—
Que nous veulent les lois du juste et de
l’injuste ?
Car Lesbos entre tous m’a choisi sur la terre
Pour chanter le secret de ses vierges en fleur,
Et je fus dès l’enfance admis au noir mystère
Des rires effrénés mêlés aux sombres pleur ;
Car Lesbos entre tous m’a choisi sur la terre,
Et depuis lors je veille au sommet de Leucate,
Comme une sentinelle, à l’œil perçant et sûr,
Qui guette nuit et jour brick, tartane ou frégate,
Dont les formes au loin frissonnent dans l’azur,
—
Et depuis lors je veille au sommet de Leucate
Pour savoir si la mer est indulgente et bonne,
Et parmi les sanglots dont le roc retentit
Un soir ramènera vers Lesbos qui pardonne
Le cadavre adoré de Sapho qui partit
Pour savoir si la mer est indulgente et bonne !
De la mâle Sapho, l’amante et le poëte,
Plus belle que Vénus par ses mornes pâleurs !
—
L’œil d’azur est vaincu par l’œil noir que
tachète
Le cercle ténébreux tracé par les douleurs
De la mâle Sapho, l’amante et le poëte !
—
Plus belle que Vénus se dressant sur le
monde
Et versant les trésors de sa sérénité
Et le rayonnement de sa jeunesse blonde
Sur le vieil Océan de sa fille enchanté ;
Plus belle que Vénus se dressant sur le monde !
—
De Sapho qui mourut le jour de son
blasphême,
Quand, insultant le rite et le culte inventé,
Elle fit son beau corps la pâture suprême
D’un brutal dont l’orgueil punit l’impiété
De Sapho qui mourut le jour de son blasphême.
Et c’est depuis ce temps que Lesbos se lamente,
Et, malgré les honneurs que lui rend l’univers,
S’enivre chaque nuit du cri de la tourmente
Que poussent vers les cieux ses rivages déserts.
Et c’est depuis ce temps que Lesbos se lamente !
Charles Baudelaire, Les fleurs du mal (1861)
LES MÉTAMORPHOSES DU VAMPIRE
La femme cependant de sa bouche de fraise,
En se tordant ainsi qu’un serpent sur la braise,
Et pétrissant ses seins sur le fer de son busc,
Laissait couler ces mots tout imprégnés de
musc : —
« Moi, j’ai la lèvre humide, et je sais la
science
De perdre au fond d’un lit l’antique conscience.
Je sèche tous les pleurs sur mes seins
triomphants
Et fais rire les vieux du rire des enfants.
Je remplace, pour qui me voit nue et sans voiles,
La lune, le soleil, le ciel et les étoiles !
Je suis, mon cher savant, si docte aux voluptés,
Lorsque j’étouffe un homme en mes bras
veloutés,
Ou lorsque j’abandonne aux morsures mon
buste,
Timide et libertine, et fragile et robuste,
Que sur ces matelas qui se pâment d’émoi
Les Anges impuissants se damneraient pour
moi ! »
Quand elle eut de mes os sucé toute la moelle,
Et que languissamment je me tournai vers elle
Pour lui rendre un baiser d’amour, je ne vis plus
Qu’une outre aux flancs gluants, toute pleine de
pus !
Je fermai les deux yeux dans ma froide
épouvante,
Et, quand je les rouvris à la clarté vivante,
À mes côtés, au lieu du mannequin puissant
Qui semblait avoir fait provision de sang,
Tremblaient confusément des débris de
squelette,
Qui d’eux-mêmes rendaient le cri d’une
girouette
Ou d’une enseigne, au bout d’une tringle de fer,
Que balance le vent pendant les nuits d’hiver.
Charles Baudelaire, Les fleurs du mal (1861)
LA MORT DES AMANTS
Nous aurons des lits pleins d’odeurs légères,
Des divans profonds comme des tombeaux,
Et d’étranges fleurs sur des étagères,
Écloses pour nous sous des cieux plus beaux.
Usant à l’envi leurs chaleurs dernières,
Nos deux cœurs seront deux vastes flambeaux,
Qui réfléchiront leurs doubles lumières
Dans nos deux esprits, ces miroirs jumeaux.
Un soir fait de rose et de bleu mystique,
Nous échangerons un éclair unique,
Comme un long sanglot, tout chargé d’adieux ;
Et plus tard un Ange, entr’ouvrant les portes,
Viendra ranimer, fidèle et joyeux,
Les miroirs ternis et les flammes mortes.
Charles B, Les fleurs du mal (1861)
DANSE MACABRE
À ERNEST CHRISTOPHE
Fière, autant qu’un vivant, de sa noble stature,
Avec son gros bouquet, son mouchoir et ses
gants,
Elle a la nonchalance et la désinvolture
D’une coquette maigre aux airs extravagants.
Vit-on jamais au bal une taille plus mince ?
Sa robe exagérée, en sa royale ampleur,
S’écroule abondamment sur un pied sec que
pince
Un soulier pomponné, joli comme une fleur.
La ruche qui se joue au bord des clavicules,
Comme un ruisseau lascif qui se frotte au
rocher,
Défend pudiquement des lazzi ridicules
Les funèbres appas qu’elle tient à cacher.
Ses yeux profonds sont faits de vide et de
ténèbres,
Et son crâne, de fleurs artistement coiffé,
Oscille mollement sur ses frêles vertèbres.
Ô charme d’un néant follement attifé.
Aucuns t’appelleront une caricature,
Qui ne comprennent pas, amants ivres de chair,
L’élégance sans nom de l’humaine armature.
Tu réponds, grand squelette, à mon goût le plus
cher !
Viens-tu troubler, avec ta puissante grimace,
La fête de la Vie ? ou quelque vieux désir,
Éperonnant encor ta vivante carcasse,
Te pousse-t-il, crédule, au sabbat du Plaisir ?
Au chant des violons, aux flammes des bougies,
Espères-tu chasser ton cauchemar moqueur,
Et viens-tu demander au torrent des orgies
De rafraîchir l’enfer allumé dans ton cœur ?
Inépuisable puits de sottise et de fautes !
De l’antique douleur éternel alambic !
À travers le treillis recourbé de tes côtes
Je vois, errant encor, l’insatiable aspic.
Pour dire vrai, je crains que ta coquetterie
Ne trouve pas un prix digne de ses efforts
Qui, de ces cœurs mortels, entend la raillerie ?
Les charmes de l’horreur n’enivrent que les
forts !
Le gouffre de tes yeux, plein d’horribles pensées,
Exhale le vertige, et les danseurs prudents
Ne contempleront pas sans d’amères nausées
Le sourire éternel de tes trente-deux dents.
Pourtant, qui n’a serré dans ses bras un
squelette,
Et qui ne s’est nourri des choses du tombeau ?
Qu’importe le parfum, l’habit ou la toilette ?
Qui fait le dégoûté montre qu’il se croit beau.
Bayadère sans nez, irrésistible gouge,
Dis donc à ces danseurs qui font les offusqués :
« Fiers mignons, malgré l’art des poudres et du
rouge
Vous sentez tous la mort !
Ô squelettes
musqués,
Antinoüs flétris, dandys à face glabre,
Cadavres vernissés, lovelaces chenus,
Le branle universel de la danse macabre
Vous entraîne en des lieux qui ne sont pas
connus !
Des quais froids de la Seine aux bords brûlants
du Gange,
Le troupeau mortel saute et se pâme, sans voir
Dans un trou du plafond la trompette de l’Ange
Sinistrement béante ainsi qu’un tromblon noir.
En tout climat, sous tout soleil, la Mort
t’admire
En tes contorsions, risible Humanité
Et souvent, comme toi, se parfumant de myrrhe,
Mêle son ironie à ton insanité ! »
Charles Baudelaire, Les fleurs du mal (1861)
Face G
01 Die Form - Messe basse 04
02 Mélopée - Le vide d'un coeur solitaire
03 NON - Arka/ Black sun
04 Analoid - Sans issue
05 Neon Judgement - Fashion party
06 Kas Product - Smooth down
07 Club de Rome - Hypnotised
08 Mome Rath - Upright image
09 Die Bunker - Wut
10 Variété Kontrast - Zephre
11 Isolation Ward - Lamina christus
12 Magnétique Bleu - Geister
13 Neon Judgement - Factory walk
14 D Stop - Suprême de soviet
15 Club de Rome - Unfinished dance
16 Hymn - Turning away
17 Film de Guerre - Saint Raphael
18 Avant-Post - Revolts
19 Kas Product - Until then
20 Isolation Ward - Try again
21 Club de Rome - Brisure de symétrie
22 Mélopée - Mémorial
23 Near Death Experience - Le pendu
24 Die Bunker - Opfer
25 Neon Judgement - Harem
26 Mome Rath - Some words
27 Variété Kontrast - Déjà trop tard
28 Isolation Ward - Once and for all
29 Die Form - Messe basse 19
30 Kas Product - Nothing in the way
31 Les Visiteurs du Soir - Je t'écris d'un pays
32 Club de Rome - Gringhita
33 D Stop - Cité d'urgence
34 Neon Judgement - Jump ahead
35 Hymn - Tired
36 Die Bunker - Kiste gold
37 Variétés Kontrast - Voyeurs
38 Isolation Ward - Waste
39 Near Death Experience - Except me
40 Mélopée - A l'aube de la vie
41 Kas Product - Street haunt
42 D Stop - Traîtement de choc
43 Variétés Kontrast - Modernite
44 Isolation Ward - Deadlock
45 Club de Rome - A l'est & à l'ouest du crépuscule
46 Neon Judgement - Concrete (it feels so strong!/ N.Y. stoney doll wall)
47 Kas Product - W Infatuation
48 Variétés Kontrast - Sommeil
49 Isolation Ward - Hope & despair
50 Club de Rome - Viva la vita
51 D Stop - Noces de sang
52 Cinéma Strange - Catacomb kittens
53 Variétés Kontrast - Moi & mon image
54 Dernière Volonté - L'alliance éternelle/ La croix sacrée
55 Formes Nouvelles - Desire/ Ice & honey
56 Mome Rath - Called
57 Film de Guerre - Matin matin
58 The Kitchen Plastic Spoons - L'arabe
59 Dazibao - Les tambours lointains
60 Dernière Volonté - Le coeur ombre/ Europa
61 Mélopée - Ignaledre
62 The Young Gods - A ciel ouvert63 Incontinents - I know you/ Friday girls/ pure as ice
64 Formes Nouvelles - Greece on the morning/ War
65 Kas Product - Tape
66 Die Form - Messe basse 22
67 Trop Tard - Les anges d'aujourd'hui '88
68 Karl Biscuit - La morte
69 White Pain - Paroles Absurdes/ Tomorrow's enough
70 Trop Tard - Les choses qu'on oublie pas
71 Artefact - M.A.E.
72 Voices - L'idée du bien
73 Karl Biscuit - Regrets éternels
74 Trop Tard - Ma folie se dessiner
75 L'Avis G821 - Murs murs/ Kalt/ What
76 Memorial Voice - Réseau x
77 Unit 4 - Rules
78 Alesia Cosmos - So far/ Pat'lin d'merde
79 Isolation Ward - Dangerous
80 Avoid Catoblépone - Raî/ Little worker (x3 mix)
81 Aroma di Amore - Overleven
82 The Virgin Prunes - Pagan lovesong/ Walls of Jericho (live at the rex club, Paris 1982)
83 Skinny Puppy - Smothered hope/ The film/ Last Call (foyer culturel de On, Belgium 1986)
84 Current 93 - Maldoror est mort
85 Dark Sanctuary - Anatheme
86 Ice - La grande guerre
87 A. Crowley - Vive la France
88 Section 25 - Je veux ton amour
89 Joy Division - Disorder/ Love.../ Transmission (les bain douches, Paris, december 1979)
90 Dead Can Dance - Host of seraphin/ In power we entrust the love advocated/ Song of Sophia/ Cantara/ Avatar (le phoenix, Mulhouse, 1989)
91 Le Mystère des Voix Bulgares - Kalimankou denkou (the evening gathering)
91 Le Mystère des Voix Bulgares - Kalimankou denkou (the evening gathering)
92 Daemonia Nymph, Louisa John Krol, Gor & Lys - Bacchic Fest/ Oceano
93 Vox Populi! - Opium I & II/ Miss October de la cohorte mystique/ Akasha/ Koro wild
FIN
LA RONDE SOUS LA CLOCHE
(C'était un bâtiment lourd, presque
carré, entouré de ruines,
et dont la
tour principale, qui possédait encore
son horloge, dominait tout le quartier.
Fenimore Cooper )
Douze magiciens dansaient une ronde
sous la grosse cloche de Saint-Jean.
Ils
évoquèrent l'orage l'un après l'autre, et du fond de mon lit je comptai avec épouvante
douze voix qui traversèrent processionnellement les ténèbres.
Aussitôt la lune courut se cacher derrière les nuées, et une pluie mêlée d'éclairs
et de tourbillons fouetta ma fenêtre,
tandis que les girouettes criaient comme des grues
en sentinelle
sur qui crève l'averse dans les bois.
La chanterelle de mon luth, appendu à la cloison, éclata; mon chardonneret
battit de l'aile dans sa cage; quelque esprit curieux tourna un feuillet du Roman de la
Rose qui dormait sur mon pupitre.
Mais soudain gronda la foudre au haut de Saint-Jean.
Les enchanteurs
s'évanouirent frappés à mort, et je vis de loin leurs livres de magie brûler comme une
torche dans le noir clocher.
Cette effrayante lueur peignait des rouges flammes du purgatoire et de l'enfer
les murailles de la gothique église, et prolongeait sur les maisons voisines l'ombre de la
statue gigantesque de Saint-Jean.
Les girouettes se rouillèrent; la lune fondit les nuées gris de perle; la pluie ne
tomba plus que goutte à goutte des bords du toit, et la brise, ouvrant ma fenêtre mal
close, jeta sur mon oreiller les fleurs de mon jasmin secoué par l'orage.
Aloysius Bertrand, Le gaspard de la nuit
LE CRÉPUSCULE DU SOIR
Voici le soir charmant, ami du criminel ;
II vient comme un complice, à pas de loup ; le
ciel
Se ferme lentement comme une grande alcôve,
Et l’homme impatient se change en bête fauve.
Ô soir, aimable soir, désiré par celui
Dont les bras, sans mentir, peuvent dire :
Aujourd’hui
Nous avons travaillé !
C’est le soir qui
soulage
Les esprits que dévore une douleur sauvage,
Le savant obstiné dont le front s’alourdit,
Et l’ouvrier courbé qui regagne son lit.
Cependant des démons malsains dans
l’atmosphère
S’éveillent lourdement, comme des gens
d’affaire,
Et cognent en volant les volets et l’auvent.
À travers les lueurs que tourmente le vent
La Prostitution s’allume dans les rues ;
Comme une fourmilière elle ouvre ses issues ;
Partout elle se fraye un occulte chemin,
Ainsi que l’ennemi qui tente un coup de main ;
Elle remue au sein de la cité de fange
Comme un ver qui dérobe à l’Homme ce qu’il
mange.
On entend çà et là les cuisines siffler,
Les théâtres glapir, les orchestres ronfler ;
Les tables d’hôte, dont le jeu fait les délices,
S’emplissent de catins et d’escrocs, leurs
complices,
Et les voleurs, qui n’ont ni trêve ni merci,
Vont bientôt commencer leur travail, eux aussi,
Et forcer doucement les portes et les caisses
Pour vivre quelques jours et vêtir leurs
maîtresses.
Recueille-toi, mon âme, en ce grave moment,
Et ferme ton oreille à ce rugissement.
C’est l’heure où les douleurs des malades
s’aigrissent !
La sombre Nuit les prend à la gorge ; ils
finissent
Leur destinée et vont vers le gouffre commun ;
L’hôpital se remplit de leurs soupirs. — Plus
d’un
Ne viendra plus chercher la soupe parfumée,
Au coin du feu, le soir, auprès d’une âme aimée.
Encore la plupart n’ont-ils jamais connu
La douceur du foyer et n’ont jamais vécu !
Charles Baudelaire, Les fleurs du mal (1861)
LA BELLE DAME SANS MERCI
Oh what can ail thee, knight-at-arms,
Alone and palely loitering?
The sedge has withered from the lake,
And no birds sing.
Oh what can ail thee, knight-at-arms,
So haggard and so woe-begone?
The squirrel's granary is full,
And the harvest's done.
I see a lily on thy brow,
With anguish moist and fever-dew,
And on thy cheeks a fading rose
Fast withereth too.
I met a lady in the meads,
Full beautiful - a faery's child,
Her hair was long, her foot was light,
And her eyes were wild.
I made a garland for her head,
And bracelets too, and fragrant zone;
She looked at me as she did love,
And made sweet moan.
I set her on my pacing steed,
And nothing else saw all day long,
For sidelong would she bend, and sing
A faery's song.
She found me roots of relish sweet,
And honey wild, and manna-dew,
And sure in language strange she said -
'I love thee true'.
She took me to her elfin grot,
And there she wept and sighed full sore,
And there I shut her wild wild eyes
With kisses four.
And there she lulled me asleep
And there I dreamed - Ah! woe betide! -
The latest dream I ever dreamt
On the cold hill side.
I saw pale kings and princes too,
Pale warriors, death-pale were they all;
They cried - 'La Belle Dame sans Merci
Hath thee in thrall!'
I saw their starved lips in the gloam,
With horrid warning gaped wide,
And I awoke and found me here,
On the cold hill's side.
And this is why I sojourn here
Alone and palely loitering,
Though the sedge is withered from the lake,
And no birds sing.
John Keats (1819)
TRISTESSES DE LA LUNE
Ce soir, la lune rêve avec plus de paresse ;
Ainsi qu’une beauté, sur de nombreux coussins,
Qui d’une main distraite et légère caresse
Avant de s’endormir le contour de ses seins,
Sur le dos satiné des molles avalanches,
Mourante, elle se livre aux longues pâmoisons,
Et promène ses yeux sur les visions blanches
Qui montent dans l’azur comme des floraisons.
Quand parfois sur ce globe, en sa langueur
oisive,
Elle laisse filer une larme furtive,
Un poëte pieux, ennemi du sommeil,
Dans le creux de sa main prend cette larme
pâle,
Aux reflets irisés comme un fragment d’opale,
Et la met dans son cœur loin des yeux du soleil.
Charles Baudelaire, Les fleurs du mal (1861)
HORREUR SYMPATHIQUE
De ce ciel bizarre et livide,
Tourmenté comme ton destin,
Quels pensers dans ton âme vide
Descendent ? réponds, libertin.
—
Insatiablement avide
De l’obscur et de l’incertain,
Je ne geindrai pas comme
Ovide
Chassé du paradis latin.
Cieux déchirés comme des grèves
En vous se mire mon orgueil ;
Vos vastes nuages en deuil
Sont les corbillards de mes rêves,
Et vos lueurs sont le reflet
De l’Enfer où mon cœur se plaît.
Charles Baudelaire, Les fleurs du mal (1861)
LA CHAMBRE GOTHIQUE
(Nox et solitudo plenae sunt diabolo.
Les Pères de l'Église
La nuit, ma chambre est pleine de
diables. )
« Oh ! la terre, - murmurai-je à la nuit, est un calice embaumé dont le pistil et
les étamines sont la lune et les étoiles ! »
Et, les yeux lourds de sommeil, je fermai la fenêtre qu'incrusta la croix du
calvaire, noire dans la jaune auréole des vitraux.
Encore, - si ce n'était à minuit, - l'heure blasonnée de dragons et de diables ! -
que le gnome qui se soûle de l'huile de ma lampe !
Si ce n'était que la nourrice qui berce avec un chant monotone, dans la cuirasse
de mon père, un petit enfant mort-né !
Si ce n'était que le squelette du lansquenet emprisonné dans la boiserie, et
heurtant du front, du coude et du genou !
Si ce n'était que mon aïeul qui descend en pied de son cadre vermoulu, et
trempe son gantelet dans l'eau bénite du bénitier !
Mais c'est Scarbo qui me mord au cou, et qui, pour cautériser ma blessure
sanglante, y plonge son doigt de fer rougi à la fournaise !
Aloysius Bertrand, Le gaspard de la nuit
OBSESSION
Grands bois, vous m’effrayez comme des
cathédrales ;
Vous hurlez comme l’orgue ; et dans nos cœurs
maudits,
Chambres d’éternel deuil où vibrent de vieux
râles,
Répondent les échos de vos De profundis.
Je te hais, Océan ! tes bonds et tes tumultes,
Mon esprit les retrouve en lui ; ce rire amer
De l’homme vaincu, plein de sanglots et
d’insultes,
Je l’entends dans le rire énorme de la mer
Comme tu me plairais, ô nuit ! sans ces étoiles
Dont la lumière parle un langage connu !
Car je cherche le vide, et le noir, et le nu !
Mais les ténèbres sont elles-mêmes des toiles
Où vivent, jaillissant de mon œil par milliers,
Des êtres disparus aux regards familiers.
Charles Baudelaire, Les fleurs du mal (1861)
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